Le Conseil fédéral semble ne pas avoir conscience des difficultés auxquels font face les proches qui s’occupent de personnes en situation de handicap. C’est ce qui ressort du rapport sur une éventuelle extension des droits à l’allocation pour perte de gain COVID-19, adopté le 11 juin 2021.
Selon un rapport publié le 11 juin 2021 dernier, étendre le droit à l’allocation pour perte de gain COVID-19 aux parents et aux proches qui s’occupent d’adultes en situation de handicap ne se justifie pas. Ce rapport répond au postulat déposé par la Conseillère aux Etats Marianne Maret, qui chargeait le Conseil fédéral d’examiner cette question. C’est avec déception qu’insieme Suisse a pris connaissance de cette conclusion et surtout, de l’argumentation du rapport.
Celui-ci montre en effet une méconnaissance profonde des situations difficiles auxquelles les proches et les personnes en situation de handicap ont dû faire face en raison de la Covid-19. Pour le rapport, un point est central : « la prise en charge a toujours été garantie pour toutes les personnes concernées». Ce faisant, il néglige totalement les conséquences des interdictions de visites et autres restrictions dues aux mesures de protection que presque toutes les institutions ont dû mettre en place. Et il ne s’interroge pas non plus sur la façon dont les cantons auraient pu garantir la prise en charge après la fermeture des structures de jour sans le soutien des parents.
Purement formaliste, le rapport souligne : « les personnes ayant pris en charge un proche en situation de handicap l’ont fait pour la plupart de leur propre initiative, sans y être obligées.» Mais il passe sous silence le contexte : risque d’isolement social, peurs liées au risque de flambée de l’épidémie dans les institutions, craintes des personnes en situation de handicap mental face à cette situation menaçante – et peu compréhensible pour elles.
Beaucoup de parents ont dû choisir à très court terme : laisser leur proche être pris en charge par l’institution à 100%, sans droit de visite, ou l’accueillir à 100% à la maison. Les parents qui ont assuré une prise en charge 24 heures sur 24 ont assumé une tâche complexe et épuisante. Ce thème n’est pas traité dans le rapport. Nous ne savons donc toujours pas combien de ces parents ont subi une perte de revenus ou ont dû assumer une double charge.
Ce rapport occulte les difficultés des familles et passe à côté du problème. Vu leur rôle essentiel durant cette crise, les proches de personnes en situation de handicap, adultes ou enfants, méritent pourtant une véritable reconnaissance de leur situation.