Depuis plus de dix ans, Le Band d’Eben-Hézer fait swinguer les notes et les foules. Tant et si bien qu’il est connu bien au-delà du monde institutionnel et même de la Suisse. Un succès à l’aune de leur talent. Le Band se produira en ouverture de la fête insieme! au Stade de Suisse. Ça va «masser» préviennent les trois membres du groupe en interview: Jean-François (Jef), guitariste et animateur, Gilles, chanteur et résident à Eben-Hézer et Marc bassiste et employé au GRAAP.
Avec Le Band, vous allez jouer sur la grande scène de la fête, au Stade de Suisse… Quand je vous dis Stade de Suisse, qu’est-ce que cela vous évoque?
Marc: Disons que ça veut dire que ça va être quelque chose de très grand et d’important. Jouer dans un stade, c’est important. Ça me fait plaisir de faire ce concert.
Gilles: Moi, je pense «stade de foot», même s’il y a des fois des concerts dans des stades. Mais ça me fait aussi plaisir. Ça va être bien. De toute façon, j’adore être devant le public, que ce soit dans un stade ou ailleurs.
Jef: De mon côté, ça m’impressionne beaucoup. Nous n’avons jamais joué dans un stade. Jouer dans un stade, c’est un peu démesuré. C’est le rêve de tout musicien je pense. Il y aura sûrement une grosse sono… Je me réjouis vraiment d’entendre le son de notre Band avec une monstre sono… Ça va être assez fou!
Le Stade de Suisse est donc un lieu un peu particulier pour vous. A quels genres de scènes êtes-vous habitués?
Jef: On a déjà joué un peu partout… Dans des salles polyvalentes, en plein air, dans des cabarets, dans des cantines… Nous avons même joué dans une prison.
Gilles: Ah, oui, dans la prison, c’était impressionnant!
Vous jouez avant Greis, qui est un rappeur… Est-ce que le hip-hop vous inspire?
Marc: pffff…!
Jef: (Rire)… Excusez, je rigole à cause de la moue que fait Marc!
Gilles: Bof… Moi, c’est plutôt la chanson française, le rock, le blues ou la musique latino. Mais je n’ai rien contre le hip-hop. C’est bien aussi. Et je peux écouter un morceau. Je suis ouvert à toutes les musiques.
Alors à quel genre de musique doit s’attendre le public avec le Band?
Gilles: Il faut vous attendre à de la musique qui «masse»! A du blues et du rock.
Marc: Oui, c’est ça. On a bien un morceau reggae, mais on le joue aussi plutôt à la sauce blues rock. On interprète surtout de la musique des années 60 et 70. On a des morceaux de Johnny, des Chaussettes noires, d’Eddy Mitchell. Mais aussi d’artistes plus récents comme Téléphone et Gérald de Palmas.
Gilles: Et aussi Elvis Presley.
Jef: Nous avons aussi un morceau de gospel. Mais, lui aussi, on le joue version rock. En résumé, on «re-sauce» les morceaux, on leur donne du rythme.
Gilles: On fait de beaux arrangements!
Vous jouez en ouverture à la fête insieme!… Jouer en premier et le matin, ce n’est pas toujours facile, le public est souvent encore «froid»… Est-ce que cela vous inquiète?
Jef: Non… En fait, mon seul souci, c’est qu’il n’y ait pas la foule. Cela arrive parfois au début des festivals. Les gens prennent leur temps pour arriver. Ils ne sont pas forcément là au tout début. Mais pour le reste, je n’ai aucune crainte: on est capable de mettre l’ambiance et de chauffer n’importe quel public!
Gilles: Même à 10 heures du matin!
Vous êtes certains de mettre le public dans votre poche. Quelle est votre recette?
Gilles: Notre recette et de faire le mieux possible et d’apporter du bonheur. Nous on veut que les gens disent «Ce Band, il est vraiment super!»
Marc: La recette, il n’y en a pas. A part de se donner le mieux qu’on peut.
Jef: C’est ça. D’ailleurs, c’est ce que les gens apprécient le plus chez nous. Ils nous disent toujours qu’on a une pêche incroyable sur scène. Il y a bien sûr Gilles qui est un chanteur très charismatique, mais ce n’est pas que lui: tout le monde y va à fond. Tout le groupe a un très haut niveau de concentration et de présence sur scène.
Si vous deviez donner une raison au public pour venir vous voir le 11 septembre, quel serait-elle?
Jef: Parce qu’il y aura l’apéro après… (Rire)
Gilles: Moi je dis qu’il faut venir nous voir pour voir une autre image du milieu institutionnel. Pour voir qu’il y a aussi de la musique dans le monde institutionnel. Et qu’il y a aussi des musiciens. Et des bons! Comme nous… Oui, voilà pourquoi je dis fort: «Venez nous voir!»
Marc: Je rejoins un peu Gilles. Avec la musique, on peut oublier les problèmes. Mettre ça de côté. Il ne faut pas venir pour le handicap mais pour la musique et pour passer un bon moment ensemble. Simplement.
Le Band en bref
L’idée de créer un groupe de musique avec des personnes en situation de handicap est née d’une rencontre: celle de Jean-François, accompagnant, et de Gilles, résident, tous deux à la Fondation Eben-Hézer à Lausanne. Depuis dix-huit ans, les deux compères forment le duo Gil & Jef. L’évolution faite par Gilles grâce à ce duo a prouvé combien la musique et le show pouvaient renforcer les personnes en situation de handicap. Jef et son collègue animateur André ont ensuite décidé de faire profiter d’autres résidents de cette expérience en créant Le Band. La formation compte aujourd’hui 9 membres. Il est un atelier protégé – c’est-à-dire que les musiciens – qui répètent une fois par semaine – sont des artistes salariés qui voient leur travail tant en studio que sur scène rétribué. Les musiciens viennent de divers horizons, et non pas forcément de la fondation Eben-Hézer.